mercredi 10 novembre 2021

Livre : Six of Crows - Tome 1

     Dans les bas-fonds de Keterdam, Kaz Breker, voleur habile, est missionné pour un braquage impossible. Prêt à tout pour de l'argent et avide de relever des défis, il accepte la mission, réunissant un groupe .

Suite à mon visionnage de la Shadow and Bone - La Saga Grisha, je me suis penchée d'un peu plus prêt sur les deux séries de romans dont l'œuvre est inspirée. Les deux histoires sont distinctes dans leurs version papier, et nul besoin d'en lire une pour comprendre ce qui se passe dans l'autre malgré qu'elle se succèdent chronologiquement. Ayant plus accroché avec la bande d'hurluberlus menée par Kaz Brekker qu'avec les romances et triangles amoureux d'Alina, j'ai décidé de commencer par la fin avec le premier tome de Six of Crow, plutôt que par la trilogie Grisha. L'univers de la série m'a fasciné, et même si je sais qu'il est beaucoup plus exploré dans l'autre roman, il fallait bien commencer par quelque part, et Jesper me manquais. 

Il m'a tenu quoi, quatre ou cinq jours ? Je l'ai dévoré et attend de recevoir le suite avec beaucoup d'impatience. Je pense que je commencerais l'autre saga, avant de finir le périple de mes voleurs préférés, car l'écriture a réussi à me convaincre que j'y trouverais très probablement mon compte. De toute façon, j'ai tout commandé. Ce n'est pas aussi addictif que La passe Miroir, mais l'univers est fascinant, et même si j'ai a redire sur certains aspect de l'écriture, la plume est fluide, les personnages riches, et le rythme très dynamique.

Ce que je conclu de cette lecture, sans parler de l'histoire ou de l'univers, qui m'a conquise, c'est un sentiment un peu mitigé mais globalement positif. Ce qui me contrarie, c'est que l'autrice nous propose de découvrir des personnages incroyablement riches, attachants au possible malgré toutes les tares qu'ils ont, mais qu'ils tombent malheureusement dans certains archétypes genrés qui m'ont mise un peu mal à l'aise. J'ai adoré chacun d'entre eux, et les protagonistes féminines on volées ma préférence sans vergogne mais c'est justement le problème. Le problème c'est qu'avec toute cette richesse, j'aurais aimé que Leigh Bardugo, l'autrice, trouve un autre moyen de refléter la violence inouïe qu'éprouve certains de ces personnages que par des clichés genrés de violence physique ou de culture du viol. La richesse est là, c'est juste la justification, des détails d'écriture, qui les plongent dans des archétypes, avec des mâles névrosés, violent, mutiques et des femmes courageuses, audacieuses, survivantes. J'aurais aimé qu'iels puissent être toustes qui iels sont avec un peu moins de sexisme intériorisé. Un homme qui étrangle une femme parce qu'il enrage d'en être amoureux, c'est vraiment problématique. Et c'est banalisé, et on lui pardonne, c'est ça le pire. C'est ce qui m'a profondément déranger, réussir à me faire aimer, sincèrement un personnage qui à dépasser des limites inacceptables. Et quand on a la capacité de faire ça, car ce n'est pas gagné, on a aussi la possibilité de trouvé un moyen différent de nous faire ressentir ce dégout de lui même, ce sentiment de haine/amour, autrement que par une strangulation. Et ça c'est vraiment dommage.

Ce point étant évoqué, un mot sur le rythme et l'écriture en elle même. Fluide, dynamique, avec des scènes d'actions pour la plupart très bien décrites, avec quelques une plus compliquées à se représenter mais une globalité très positive. Le style n'est pas magistral, mais permet de se plonger à fond dans l'univers et à part quelques coquilles de traduction, l'ensemble fonctionne bien. Les chapitres nous proposent d'explorer les pensées de chaque personnage, successivement, nous permettant de nous y attacher de plus en plus au court de notre lecture, nous montrant leurs démons, dévoilant des mystères, des secrets, sans trop en dire mais suffisamment pour nous fidéliser à chacun d'entre eux. Ce n'est pas aussi addictif que la plume de Christelle Dabos, mais l'immersion et là, et le fond est bon.

L'histoire en elle même est un braquage fou à la Ocean's Eleven, un plan improbable, orchestré, que ce soit par les personnages comme par l'autrice avec brio. On se laisse porter, on anticipe, mais jamais tout, et la richesse des détails est assez impressionnante. D'ailleurs le premier tome spoil clairement la futur saison deux de la série, mais à part l'histoire de Nina et Matthias, le braquage n'a rien à voir avec celui visible sur petit écran. Enfin si, la méthode est la même, et j'ai trouvé ça brillant d'avoir réussis à réécrire un braquage très différent avec autant de fidélité aux méthodes des protagonistes. Evidement, la version papier foisonne de pleins de subtilités, qui enrichissent l'univers comme les personnages, chose un peu bâclé dans la série quand on peut faire le comparatif, mais l'esprit est là, et j'ai trouvé ça vraiment astucieux.

J'ai passé un très agréable moment à lire ce livre, si on omet mes réticences sur les problématiques de genre, de culture misogyne et quelques clichés d'appropriation culturels. J'aurais aimé que cette fiction apporte autant de richesse dans l'élaboration de ses rapports de dominations et de violences que dans tout le reste. Mais je pense que c'est une par de l'autrice et de sa perception du monde, qui même si elle me parait manquer de déconstruction, n'enlève pas les autres richesses que recèle l'univers qu'elle a créé. Ce sentiment mitigé, je l'ai eu pour la série, je l'ai maintenant pour les romans, mais je suis malgré tout irrésistiblement appelé par ma curiosité et mon attachement à ces personnages. J'en vois les faiblesses, sur les deux formats, leurs limites me contrarient mais il y a aussi de grandes forces et une multitudes de choses qui ont attisé ma curiosité. Donc même si ce n'est ni à proprement parlé une œuvre sexiste, même si son écriture en est emprunte, et encore moins une œuvre féministe, je vais continuer à la dévorer en essayant de faire le deuil de ces mâles alpha à la Dark Sasuke.

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