Depuis de très nombreuses années, le royaume de Ravka est divisé en deux par un épais brouillard noir que l'on appelle le Fold. Le traverser c'est risquer d'y laisser la vie, même si l'on est accompagné.e de Grisha, des invocateurices d'élites, maitrisant l'air, le feu, ou encore les soins.
Univers fantastique original, se passant dans un monde aux allures de Russie du XIXème siècle, Shadow and Bone réussi à nous proposer une aventure cohérente et divertissante. Rare sont les séries fantastiques qui arrivent à me plaire, car trop souvent elles nous proposent des scénarios bâclés et des acteurices mal dirigés mais ces derniers temps, de plus en plus de pépites sortent du lot. Cette nouvelle adaptation Netflix, d'une trilogie dont je n'avais jamais entendu parlé, n'est pas non plus extraordinaire, mais pour le genre, réussir à proposer un univers cohérent, avec un scénario qui tiens un minimum la route, et des effets spéciaux plutôt propres, cela relève de l'exploit apparemment.
L'histoire en elle même et son déroulement sont assez prévisibles, avec une recette déjà beaucoup exploitée mais qui fonctionne bien. J'ai par contre énormément apprécié que la protagoniste ainsi qu'une majorité de personnages secondaires, ne soit pas blancs, que le genre ne semble pas avoir une place prédominante, que l'on est aussi de la représentativité côté queer (même si cela reste dans des schémas classiques) ou que l'un des personnages principaux, plutôt jeune, boite et que cela soit banalisé. Côté militantisme, même si ce n'est pas le cœur de l'œuvre, c'est validé. On y parle d'ailleurs beaucoup de la peur de l'altérité et d'exclusion.
Pour l'univers et lore, j'ai trouvé cette première saison très bien équilibré. On découvre suffisamment pour nous investir et piquer notre curiosité, mais on priorise surtout le développement des personnages. D'ailleurs on ne nous expose pas tout leur background de manière lourde et théâtralisé, ce sont plutôt des petites références, petites explications qui sonnent comme anecdotiques mais qui donnent de la profondeur et pourrons être exploitées plus tard comme terreaux fertile de narration. Dans l'ensemble, les faiblesses d'écriture s'équilibrent par la pluralité des protagonistes et de leur parcours. Prit individuellement, chaque personnage est insuffisant, mais leur multiplicité donne une sorte de rythme, qui permet de s'investir assez tout en étant satisfaisant.
L'interprétation m'a paru correcte même si très banale dans l'ensemble. La photographie, avec son aspect sépia, m'a beaucoup plu et l'univers en lui même m'a séduite. C'est suffisamment grand pour qu'on n'ai pas tout vu et en même temps assez restreint pour ne pas se perdre et ne pas être frustrer. Souvent on essaie de nous vendre un univers immense et riche, mais du coup il est mal exploité et cela me laisse sur ma faim.
En fait, c'est ça que j'ai aimé dans cette série, une certaines sobriété qui permet de trouver un équilibre entre les forces et les faiblesses d'écriture le tout sur une base familière emprunté à notre réalité. Certaines scènes sont clichés, mais d'autres partis prit sont politisés ou bien emmenés. Il y a à la fois de la finesse et de la lourdeur, mais juste ce qu'il faut pour qu'à la fin de la première saison, on est gardé une emprunte du lore, des personnages, sans y être trop attachés et sans nous frustrer. Ce n'est pas grandiose, c'est juste bien, et c'est agréable comme sentiment.
Je pense que ne pas viser trop haut permet à cette série de faire les choses de manière plutôt propre et j'avoue que je préfère cela de loin à de grandes ambitions suivies de grandes déceptions. Je ressent cette œuvre comme modestes mais solide, et l'univers m'a suffisamment marqué pour me motiver à acheter le livre dont il est tiré. Cette découverte me fait penser à celle que j'ai faite de La Passe-Miroir, en moins dévorante et envahissante, et j'ai beaucoup apprécié.
Visionnage : 1 saison.
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