The Good Doctor est une série médicale faisant grandement penser à Grey's Anatomy, dont d'ailleurs de nombreux épisodes et quelque grand axes de l'histoire ont bien l'air de s''en être un peu trop "inspiré". Dans l'ensemble l'histoire sur les trois saisons que j'ai vu est assez classique pour le genre, nous faisant nous attacher doucement à chaque personnage et à chaque parcours. Shaun n'étant d'ailleurs pas si central, à la manière de Méredith Grey.
Parlons maintenant de ce qui m'a fait accrocher et en même temps m'a agacé dans cette série : ses valeurs. On nous présente tout un panel de personnages pour la majorité, issus de communautés minorisées. La majorité des acteurices de la série sont racisés, et j'ai compté un seul personnage récurant rentrant dans tout les cliché du mec cis het blanc valide, le vieil homme. Il y a beaucoup de figure féminines, qui ne sont pas réduites à des seconds rôles, et une quasi parité. D'ailleurs la série se décentre progressivement de Shaun pour mettre l'accent sur d'autres personnages, dont en particulier Claire Brown, interprétée par Antonia Thomas. Quant à la représentation de l'autisme, je ne peux pas affirmer qu'elle est bonne ou mauvaise, ne connaissant pas assez le sujet. Néanmoins, en temps que personne neuro-atypique, certaines scènes m'ont beaucoup émues, parlant, selon moi, avec beaucoup de justesse du sentiment de rejet et d'exclusion que l'on vit quand on nous reproches des choses inhérentes à notre handicap. Et même si Shaun est un archétype un peu cliché, l'interprétation de Freedie Highmore et des personnes qui lui donnent la réplique est parfois très touchante et crédible.
Malheureusement il y a un mais. La série, par de nombreux choix qu'elle fait, ne serait-ce qu'avec son casting, semble porté des valeurs militantes humanistes. De nombreux épisodes sont engagés, et essaye de dénoncer des oppressions, mais malheureusement en me laissant un gout amer en fin de bouche. Tout est là, tout est criant d'injustice, mais quasiment tous les épisodes (et ils sont nombreux) abordant le harcèlement sexuel, la misogynie intériorisée, la question de la transidentité ou de la non binarité, finissent, sur des conclusions lissées et des compromis amer où prime le fait de plaire à toustes les spectateurices, avec un dénouement ou tout le monde s'excuse.
J'ai l'exemple d'un épisode précis en tête. De nombreuses femmes reprochent à des médecins hommes de se permettre des réflexions et des comportements déplacés car leurs interlocutrices sont des femmes. Des prises de positions fermes sont posées tout au long de l'épisode sur la domination et le rapport de pouvoir qu'on les hommes sur les femmes, des inégalités banales, du quotidiens, rarement relevés dans ce genre de série habituellement. On dénonce fort, un sexisme intériorisé, invisible pour une majorité et beaucoup plus subtil qu'un simple "tu es une femme, retourne dans ta cuisine". C'est une très bonne chose, ce qui ne l'est pas, c'est la conclusion de l'épisode, pendant laquelle, les femmes qui l'ont dénoncé acceptent des excuses plates, qui sonnent faux, et s'excusent elles aussi d'avoir "défié l'autorité du chef publiquement" pour le confronté à ses mauvais comportements. Amer. On sens une volonté de dénoncer, avec précisions et pas simplement parce que ça fait vendre de mettre un personnage qui se dit féministe. Il y a une vrai compréhension de certaines problématiques, mais à chaque fois la conclusion se veut accommodante, cherchant à ne brusquer personnes dans ces idées préconçues, cautionnant implicitement, par la même occasion, la banalisation des comportements dénoncés quelques minutes plus tôt.
C'est un exemple parmi beaucoup d'autres, un sentiment de militantisme non assumé, qui perd tout sens avec des dénouements pleins de faux compromis, confortant les personnes aux comportements discriminants dans leur impunité. Ce double discours est mon principal problème avec cette série. Grey's Anatomy n'est pas incroyablement déconstruite mais reste cohérente avec elle même, The good doctor, dénonce des choses profondes pour nous livrer une résolution complétement contradictoire, quand on connais un minimum le sujet. Et cet écart, entre les valeurs qui semblent être prônés et la morale qu'on en tire, est pour moi au minimum irrespectueux si ce n'est dangereux, en fonction des thématiques. Le coup du "il se sert de la couleur de sa peaux pour dénoncer son licenciement qui n'a rien à voir avec ça", disant implicitement que des personnes se servent des discriminations qu'iels subissent comme moyen de "pression", présupposant que le rapport de force pourrait être égal, similaire. Cela m'écœure. Alors que tout le long de l'épisode, encore une fois, la problématique de fond est soulevé avec justesse, mais non la conclusion c'est "pas cool quand même de faire pression en te servant de la couleur de ta peau", alors que justement c'est le quotidiens de toutes les personnes non blanches, les blancs se complaisent dans leur impunité, jouissent de privilèges grâce à la couleur de leur peau tout le temps, mais le jour ou une personne noire se sert de ça comme levier, là, oh mon dieu, c'est terrible, il faut le dénoncer.
Je ne sais pas quoi vous dire, c'est un divertissement correct, avec des contradictions qui m'ont mise très mal à l'aise. Cette volonté de faire une œuvre accommodante, est peut être une maladresse, ou une contrainte de la production, mais l'écart énorme qu'on peut trouvé dans certains épisodes entre les valeurs dénoncé et la conclusion qui en est tiré m'a profondément gênée. Je vous laisserais vous faire votre propre avis, mais en temps que militant.e.s, cette série risque de vous hérissez les poils plus fort qu'une autre moins "engagée", si on peut parler d'engagement.
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