mercredi 23 juin 2021

Série : Grey's anatomy

     Grey's anatomy suit le parcours de plusieurs internes en chirurgie admis dans le prestigieux programme du Seatle Grace. Entre carrières, cas cliniques complexes, romances et amitié, leurs vies sont denses et intenses.

J'avais un souvenir diffus de Grey's anatomy, et j'avais besoin d'une série un peu longue que je pouvais ne regarder que d'un œil tout en dessinant. Celle-ci comporte dix-sept saisons, j'entame la septième cette semaine et j'avoue que je pensais que je décrocherais plus tôt.

Grey's Anatomy est souvent décriée pour son côté niais et très tournés sur les relation amoureuses. Je ne nierais pas cet aspect parfois lourd et épuisant, néanmoins je vais apporter une nuance avec mon regard de féministe. La première saison a été tournée en 2005, à une époque ou le féminisme était encore un très vilain mot, où trouver une œuvre qui n'était pas l'histoire de monsieur l'homme blanc cis het et de ses exploits et conquêtes restait compliqué. En 2005, donc, avec un langage ou le sexisme était banalisé à outrance, où les personnages racisés étaient encore plus invisibilisés qu'aujourd'hui et où les corps étaient tout autant normés. On a pas beaucoup avancés sur tous ces points, mais aujourd'hui, c'est "bien vu" de faire du féminisme washing, de mettre en valeur une grosse, un noir, ou une lesbienne pour faire du pseudo inclusif. Ca fait gagner du pognon de flatter les militant.e.s, donc on le fait même quand on y crois pas. On a plus de choix, le travail est encore monstrueux mais on a du choix, chose qu'en 2005, on avait presque pas.

Alors quand j'ai lancé la première saison de Grey's Anatomy et est constaté à quel point le militantisme y était banalisé, j'ai été touchée. Touchée d'une parités dans les rôles, touchées de voir des doctoresses, nommées ainsi quelques fois en version française, touchées de voir des personnes racisées, grosses, minorisées à des postes de pouvoir et valorisés pour leurs compétences, leurs personnalités, et pas leur genre. Touchée de me rendre compte que la majorité du temps on ne pratiquait pas ou peu l'humour oppressif. Touchée de voir des femmes ambitieuses, des femmes à la sexualité libérée, des femmes asexuée, des femmes autoritaires qu'on ne moque pas. Touchée de me rendre compte, qu'en 2005, Grey's Anatomy tentait des choses en sous textes d'une série romantique et médicale pour glorifier des valeurs qui me sont cher.

Alors oui, c'est vieux, maladroit, et il y a encore beaucoup de choses problématiques. Mais chaque saisons comporte plus d'une vingtaine d'épisodes, et la culture du viol je l'ai vu peut être dans deux d'entre eux, les comportements mascu sont courant mais dénoncés, une fois on a parlé de "crime passionnel" mais avec nuance là ou aujourd'hui des sœurs se battent pour parler de féminicide. Oui on parle "des mecs des vrais" et de leurs pénis, mais on parle aussi de transidentité, avec un vocabulaire daté mais avec bienveillance. Oui on part d'une principe qu'une femme qui couche avec une autre femme devient aussitôt lesbienne, on ne parle pas de bisexualité, de pansexualité, mais on est en 2005.

Alors même si il y a de nombreux points qui m'ont fait grincé des dents, que je sature de Meredith et de Derek, que je suis fatigué par la binarité, j'en suis seulement à la saison sept, et déjà, on me propose plus de représentativité et d'inclusion que des séries beaucoup plus récentes comme La Casa de Papel, qui est à gerber. La saison sept a été tournée en 2010 et en 2021, beaucoup d'œuvre realisées cette année sortent avec un discours beaucoup plus misogyne, lgbtphobe, sexiste, grossophobe, validiste, raciste. Donc oui, même si cette série est niaise, elle a conquis mon cœur, et je vais essayer de m'accrocher pour la finir, car je suis impatiente de voir comment seront traitées ces mêmes valeurs avec les outils d'aujourd'hui. 

Visionnage : 7 saisons.

Disponible sur Disney +

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