mercredi 25 novembre 2020

Mini-série : Queen's Gambit

     Beth Harmon, orpheline prodige, se découvre une passion pour les échecs à l'âge de huit ans. Non seulement elle aime ça, mais elle y excelle, présageant pour elle une carrière glorieuse dans le domaine.

Alors oui, je sais, de prime abord, une mini-série sur une championne d'échec de donne pas très envie. Mais j'ai essayé, et c'est approuvé. Que ce soit l'écriture, l'interprétation ou l'esthétique de l'œuvre, à mon sens, tout fonctionne. L'actrice Anya Taylor-Joy donne une puissance folle au personnage de Beth, la rendant à la fois fascinante et dérangeante en incarnant avec talent sa bizarrerie et sont décalage. Les acteurices qui lui donnent la réplique ne sont pas en reste mais mon attention a été accaparée par la présence à l'écran de cette actrice. 

L'histoire est assez simple et linéaire, mais tout le talent d'écriture repose dans le soin apporté au développement de son héroïne. Son passé auraient pu être un tire larme vendeur mais il n'est pas présenté ainsi. J'ai trouvé cela bien joué, car la principale qualité de cette œuvre est à mon sens la subtilité qui y est mise. On ne joue pas avec nos émotions, on nous place en observateur attentif, et on nous glisse des informations par des échanges brefs, des regards, des non-dits. Raffiné, c'est le mot que j'emploierais pour d'écrire à la fois l'écriture, la scénographie, la photographie, les décors, le motage et les personnages. Beaucoup de jeux sur les détails et c'est dans ceux ci que j'ai trouvé un message militant.

Queen's Gambit ou Le jeu de la dame, est une série féministe à mon sens mais qui le cache très bien. Femme dans un monde d'homme, tout le monde essaie de faire parler Beth de son genre, mais elle s'en fou. Pour elle, seules les échecs comptent, et elle est développé de manière à ce que son genre ne devienne qu'un détail à ses yeux, nos yeux, tout en passant un message fort et puissant par cette banalisation. En temps que femme, cette série est particulièrement satisfaisante. Car oui, on aurait pu passer notre temps à nous montré à quel point il est difficile d'être reconnue dans un monde d'homme, on aurait pu nous montrer des abus qu'elle aurait pu subir, mais il n'en est rien. Ces défaites, elle ne les doits qu'à elle même et ces victoires en sont bien plus savoureuses. Elle n'est ni victimisé ni caricaturée et c'est jouissif.

Globalement c'est une très belle découverte, même si je pense que le temps effacera un peu le souvenir que j'ai aujourd'hui de cette série, j'ai passé un moment très agréable et satisfaisant. Je me laisse plus facilement marquée au fer rouge par des séries où l'on maltraite mes émotions, mais j'avoue avoir eu beaucoup de plaisir à découvrir celle-ci, qui prouve à mon sens que l'écriture n'a pas besoin de ressorts dramatique exponentiel pour réussir à faire passer des messages et proposer un travail de qualité.

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