Good Girls raconte l'histoire de trois copines, toutes mamans, qui galèrent à joindre les deux bouts. Après une avalanche de mauvaises nouvelles elles prennent une décision : elles vont braquer un supermarché.
Cette série jongle avec plusieurs genres : c'est à la fois une série dramatique, comique et de gangster, le tout saupoudré de militantisme féministe intersectionnel. Elle opte pour un mélange de dynamisme et de respirations très bien dosé, donnant de la profondeur aux émotions de ces femmes par des plans fixes et silencieux, très parlants. Globalement la mise en scène est propre et sert le propos. Les héroïnes ont trois caractères bien différents, trois parcours et trois histoires propres. Elles sont interprétés avec talents par Christina Hendricks, Retta et Mae Whitman.
Écrite pour des femmes par une femme, la série dénonce le patriarcat et le sexisme quotidiens avec finesse, nous faisant ressentir la même chose que ces trois protagonistes par des plans simples, illustrant, en sous textes les injonctions quotidiennes de la vie d'une femme. Avec ça, un gros travail de banalisation de l’intégration des luttes LGBTQIA+ est fait, avec des personnages aux orientations sexuelles et amoureuses variées mais aussi une représentation de la communauté trans. Ce qui m'a particulièrement plu vis à vis de ça, c'est que ce n'est absolument pas remis en question, c'est "normalisé" (pour autant qu'une norme existe) et pour moi c'est ce que toutes les œuvres devraient faire.
Côté diversité, toujours avec cette volonté de faire passer le message sans le matraquer, simplement en banalisant le fait de représenter tout le monde, on a une des protagonistes qui est noire et en surpoids. D'autant la première chose est évoquée, car le racisme, même si il n'est pas central dans le propos, n'est pas oublié. D'autant la seconde, très majoritairement prétexte à ressort comique habituellement, est totalement banalisé et aucune réflexion grossophobe n'est faite à ce personnage. Le miracle n'est malheureusement pas complet, car un autre personnage, lui masculin, est un peu moqué par des plans l'affublant de tous les clichés grossophobes habituels. Malgré tout, le fait que cette héroïne, en plus de ne jamais se prendre de commentaire sur son poids, soit également sensualisé par moment et dépeinte comme une humaine plutôt que comme une grosse, m'a vraiment plu. De manière générale, cette série met en valeur la variété de corps, de parcours de vie, et se détache beaucoup des jugements de valeurs et discriminations habituelles liés à ceux ci, et ça fait du bien.
Le tableau n'est probablement pas parfait, je n'ai pas toutes les billes en mains pour savoir si elle offense malgré tout certaines personnes. Cependant, je peux la comparer aux autres œuvres que j'ai pu voir et je la trouve particulièrement aboutit dans son militantisme interectionnel.
Je reviens maintenant sur la narration, l'histoire à proprement parler. Celle-ci est au service du propos militant, un peu loufoque mais suffisamment cohérente pour ne pas nous faire trop tiquer. Malheureusement je trouve son évolution un peu lente, celles de ces personnages aussi et les prétextes à l'intégration de ces héroïnes dans la pègre trop redondants. Cela reste un divertissement agréable mais fait perdre des points à la série dans la course aux œuvres marquantes. Pour vous donner un ordre d'idée, au niveau de la qualité de l'histoire et du scénario, je comparerais "Good Girls" à "Orange is the new black" ou "This is us", qui sont plutôt qualitatives mais dont, personnellement, je me suis lassée avec le temps. Malgré tout, je trouve qu'elle pose une pierre fondamentale dans la lutte féministe, à plus forte raison en le faisant avec une certaine subtilité tout en gardant un scénario plutôt "léger" avec pas mal de scènes comiques.
Visionnage : 3 saisons
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