mercredi 25 mars 2020

Film : Tous nos jours parfaits


     Une nuit, Théodore Finch croise Violet Markey debout au bord du vide sur un pont. Il réussit à la convaincre de descendre et reste fascinée par cette camarade de lycée.

Je trouve ce film compliqué à évaluer. Il y a des choses vraiment bien faites et bien réalisées avec de très jolis plans. Son histoire n'est pas écrite sur un modèle si courant que ça et la réalisation prend son temps, apportant une réelle profondeur aux personnages. Les acteurs sont crédibles et les protagonistes attachants. Mais à côté de ça son sujet principal est traité de manière assez étrange voir malsaine à mon sens. 

Si tu ne veux rien savoir du film, je te laisse ici, car je vais devoir spoiler quelques éléments pour pouvoir développer.

[Spoiler]

Violet est dépressive et suicidaire suite à la mort de sa sœur. Elle va mal et personne ne semble lui apporter l'écoute simple dont elle a besoin, la nécessité d'être prise en entière, avec ses peines et ses joies, pas juste son trauma ou au contraire la personne qu'elle était avant. Et ça c'est très bien mis en valeur à mon sens. Mais à côté on a Théodore, qui va visiblement très mal aussi mais qui se cache derrière des blagues, des sourires et se donne pour mission de rendre Violet de nouveau heureuse. Il est trop joyeux, trop insouciant, et ce qui me choque c'est cette figure du sauveur un peu banalisée. Violet ne voit pas que ce n'est pas normal qu'il lui soit autant dévouée, et ignore sont mal être à lui sans chercher à le comprendre quand il lui explose à la figure.


Ce que je reproche au film c'est de banaliser et même d'enjoliver la figure du sauveur, en l’occurrence un homme qui, par l'amour, redonne gout à la vie à une femme alors que lui même intériorise tout. Déjà, je suis pas fan du fait qu'on reproduise encore ce cliché sexiste d'une femme qui se fait délivrée du malheur par un preux chevalier. 


En suite, je crois que la morale n'est pas la bonne, le film semble essayer de nous faire comprendre que même dans le malheur il y a de la joie, et qu'une personne joyeuse ne va pas forcément bien. Puis il y a Violet qui ne s'ouvre pas assez, ne s’intéresse pas à lui comme lui à elle, et que ce n'est pas parce qu’on est joyeux et enjoué en apparence que l'on va bien. Je précise quand même que le long-métrage à la délicatesse de ne pas reprocher à Violet sont désintérêt mais de l'expliquer par le contexte. Elle n'est pas fustigée pour cela et ne culpabilise pas, ce qui est plutôt positif à mon sens.


Mais voilà, je ne suis pas d'accord avec le sous texte implicite de "si elle avait agit avec lui comme il a agit avec elle, il y aurait eu une fin heureuse", alors que dès le départ l'attitude de Théodore est étrange, pourquoi cette fascination morbide pour Violet ? Ce discours qu'il a de vouloir la réparer serait peut-être mieux passé si on sous entendais plus clairement que c'est lui qu'il cherchait à guérir à travers elle. Je trouve que même si ses éléments sont présents, ils sont emmenées maladroitement, sont mal hiérarchisés et me laissent sur un sentiment mitigé. Comme si c'était ok qu'une personne s'accapare la mission de nous réparer, comme si c'était normal que ça devienne la principale préoccupation de quelqu'un, mais non, c'est malsain et le film montre bien que le protagoniste est malheureux lui même. Mais il ne lit pas assez, à mon sens, son mal-être et la mission dont il c'est investit, et glorifie un peu trop ses excès de romantisme qui sont finalement motivés par de mauvaises raisons. En fait, je trouve ça dangereux de ne pas assez appuyer sur le fait que personne d'autre que l’intéressée ne peux faire le chemin pour aller mieux, et que si Violet avance c'est parce qu'elle s'en donne les moyens, contrairement à Théodore finalement.

Ce qui me chafouine c'est qu'il y a beaucoup de finesse dans l'écriture, et qu'en y repensant quasiment tous ces éléments sont au moins sous entendu, ce qui est, je pense, un gage de qualité. Mais à côté de ça, on ne condamne pas assez le fait que Théodore se prenne pour un héros qui doit sauver sa dulcinée. Et ça, ça m'hérisse les poils. Alors je vous laisse vous faire votre propre avis, j'ai malgré tout passé un bon moment et, au delà de son message ambiguë, le film est plutôt bien réalisé et sors un peu des clichés.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire