mercredi 3 février 2021

Série : Mindhunter

     Hold Ford, négociateur pour le FBI, est muté comme instructeur. Au fil des cours et des échanges, il développe une curiosité pour les meurtres sanglants et violents, relevant pour lui de la folie. Il veut comprendre comment trouver ces criminels, ce qui les pousse à agir comme tel, quelles sont leurs motivations, d'où vient ce type de comportements. C'est alors qu'il fait la rencontre de Bill Tench, affecté au département des sciences comportementales.

Série policière signée Netflix surprenante, Minhunter nous propose de nous plonger dans l'histoire de la création du profilage. Surprenante pourquoi ? Parce que ce soit la réalisation, l'écriture, l'esthétique, tout semble minutieux et bien pensé. La série est plutôt courte (deux saisons), ce qui n'est pas pour me déplaire. Souvent ce genre de série est tirée en longueur et s'essouffle, là ce n'est pas le cas, il y a une conclusion, certains arc auraient peut être mérités plus d'approfondissement, mais la satisfaction est là avec une fin nette. 

L'esthétique est léchée, ambiance des années 70, grain sur l'image, colorimétrie qui sonne juste. La photographie de Mindhunter est un de ses atouts, et loin d'être le seul. Elle est appuyé par une réalisation lente, qui prend son temps, un rythme très justement dosé avec beaucoup d'espace pour le développement de ses personnages. Seul le générique m'a gêné, mais pas par défaut de qualité, par malaise volontairement instauré. On y voit l'installation d'un micro, l'enregistrement d'un entretiens, entrecoupé de flash de scènes de crimes, de quelques millisecondes, et j'avoue avoir du mal avec ce procédé qui consiste à introduire des images fugaces mais choquantes qu'on a pas le temps d'identifier. C'est indéniablement bien joué et efficace, mais personnellement je l'ai fuis.

Ce côté graphique et macabre, on le retrouve souvent dans la série qui n'hésite pas à nous montrer les cadavres. Mais qui joue aussi sur la suggestivité dans un savant équilibre rendant l'ensemble homogène et ne partant pas dans un extrême gore ou à l'inverse trop aseptisé. Le tout est accompagné par des effets de montage et un jeu sur la bande son savamment orchestré, faisant passé énormément d'informations et apportant une réelle profondeur à la narration.

Narration qui n'est pas en reste, loin de là. La série prend son temps mais il s'y passe plein de chose. Mêlant fil rouge énigmatique, affaire plus ou moins longues, entretiens avec des criminels, enjeux politiques, enjeux sociaux, administration, psychologie, intimité des protagonistes, etc. Je crois que c'est ça que j'ai préféré dans cette série et ce que j'appréhendais le plus. Souvent les œuvre parlant du passées, ainsi que les œuvres policières, n'hésite pas à abuser des contextes de discriminations exacerbé sans vraiment les questionner. 

Je m'attendais à une série de bonhomme, pour des bonhomme. Alors ce n'est pas totalement faux, la grande majorité des protagonistes sont masculins et il faut attendre la moitié de la première saison pour voir deux femmes s'adresser la parole mais il a un mais. Oui car je me suis sentie incluse malgré tout. Plusieurs personnages questionnent les injonctions et les discriminions habituellement banalisées. Le racisme et le sexisme sont questionné, la diabolisation des orientations sexuelles et amoureuses aussi. Le tout avec beaucoup de subtilité. Des jeux de regards, une réplique bien placé "pourquoi vous pensez qu'il est noir ?" comme réponse à une affirmation ouvertement raciste. La série, par de subtiles échanges, questionne la norme, et ça, vraiment, c'est brillant. Brillant car fait avec finesse, brillant car intégré parfaitement dans la narration et même si évidement j'aurais aimé voir un peu plus de féminisme, le sexisme ordinaire n'ai pas accepté sans bronché. Et personnellement, ça me touche fort qu'une série visant historiquement un publique masculin très restreint, apporte ce regard intersexionnel. 

Alors non ce n'est pas parfait, au sens où certains aspects autour du genre et des orientations sexuelles et amoureuses sont compliqué à banaliser dans une œuvre se passant dans les années 70. Qu'il manque encore de femmes et que les fin des arcs narratifs de ces dernières mériterais peut-être d'un peu plus de force. Certaines représentations peuvent aussi interrogées. Mais dans l'ensemble, un vrai effort d'écriture a été fait, et même si j'aurais aimé plus de diversité, le manque de cette dernière est interrogé. 

Mon bilan pour Mindhunter est très positif. Le jeu des acteurices est superbe, l'écriture travaillée et je pense que ce qui m'a le plus déplus, à part le générique, c'est simplement l'ambiance des années 70 que je n'aime pas particulièrement. La série est immersive, interroge de nombreux points, propose des réflexions profondes et une intrigue poignante. Honnêtement, ça frôle le chef d'œuvre. Les raisons pour lesquelles je ne la qualifierais pas comme ça me sont propre et beaucoup liées à l'époque et son manque de représentation des minorités. Mais pour le reste, la qualité est indéniable. 

Visionnage : 2 saisons

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