mercredi 3 juin 2020

Série : Mes premières fois

 
     Mes premières fois est une série teenage américaine racontant le quotidien de Devi, une lycéenne Américaine d'origine Indienne. Suite au décès prématuré de son père, elle a perdu l'usage de ses jambes pendant de nombreux mois et revient, miraculeusement guéris, dans son lycée, à la rentré.

Cette série est compliqué à évaluer. Commençons par sa forme, dix épisodes pour sa première saison, correspondant tout à fait à ce qu'on imagine d'une série teenage, avec des enjeux amoureux mais aussi plus profonds autour du deuil. Jusque là c'est prometteur.

Puis il y a les personnages. Globalement l'héroïne évolue plutôt bien et ses proches aussi, c'est assez prenant, pour le genre, et savoureux. Et puis, on ne va pas se mentir, niveau représentativité, de prime abord, c'est assez incroyable. Une héroïne indienne, avec deux amies respectivement noires américaines et asiatiques et un "beau gosse" métisse japonnais. Bon, pas de latinos à l'horizon, mais pour une série américaine, ça dénote. En plus, les protagonistes sont jolies mais pas non plus des canons incroyables, l'identification en est d'autant plus facile. 

Mais il y a un mais. Il faut un bouc-émissaire, on doit pouvoir se moquer. Du gros en l’occurrence. Quelques scènes, parsemées dans les épisodes, et ce personnages, sans trame narrative propre, est le bouffon de service, correspondant à tous les clichés accolés aux personnes touchées par l'obésité. Alors oui, j'ai un regard biaisé, car à l'heure actuelle je fais beaucoup de recherches sur la grossophobie. Mais j'avoue que ça m'a écœuré. Ça, et finalement pas mal de clichés qui frôlent aussi le racisme à mon sens, comme si on était obligé de se moquer quand même un peu de la culture indienne pour faire passer la pilule d'une héroïne de couleur. La place des femmes, je ne l'ai pas plus remarqué que ça, donc finalement ça doit aller à peut près, et puis dans ce genre de séries, on s'attend évidement à la prédominance des romances.

Mais voilà, même si je note l'effort, cette injonction à discriminer une tranche de la population ma usée. Je ne sais pas si je regarderais la suite, c'était sympathique du reste, mais je crois que je suis fatiguée de cette banalisation constante de l'humour oppressif. Et puis le côté "mais l'héroïne a, en plus, été handicapée" m'a aussi un peu gonflé. Le regard des autres est épuisant, classique et discriminant. Mais la posture de l'héroïne n'est pas particulièrement militante pour casser les clichés. Elle a miraculeusement guérie finalement, et sa vie peut enfin "recommencer". Comme si le handicape était une fin en soit. 

Je ne sais pas, je crois que cette série est maladroite, voulant casser des clichés tout en n'en exacerbations d'autres. Et ça me laisse un gout un peu amère. Cela pourras devenir une série plaisir coupable, car la construction narrative de la saison, si on oublie qu'elle froisse pas mal mes valeurs, est assez addictive. A voir, peut-être qu'ils se rattraperons à l'avenir, mais j'en doute fortement.

Visionnage : 1 saison

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire