mercredi 20 janvier 2021

Série : La Chronique des Bridgerton

     La saison des bals commence et les nouvelles jeunes filles à marier font leurs introductions dans la société. Mais cette année sera aussi rythmée par les commérages de Lady Whistledown, autrice anonyme de pamphlets piquants, mettant à jour les secrets des familles les plus respectées.

Série uchronique, en costume, reprenant les codes du 19ème siècle, mais dans une réalité alternative où le racisme n'existe pas et où la couleur de peau n'a aucun impacte sur la place des gens dans la société. Partit prit politique qui fait du bien, et qui est intégré avec naturel, prouvant encore une fois que l'on peut faire des œuvres "historiques" tout en véhiculant des valeurs modernes. 

Mais alors, que vaut cette série ? Et bien elle me laisse un goût un peu mitigé. Le féminisme est très présent et clairement les protagonistes sont principalement des femmes, mais beaucoup d'éléments me paraissent naifs et placés un peu comme des "tokens" sans réelle approche de fond. Comme si la série cherchait à obtenir des bon points mais ne comprenais pas totalement son sujet. On a bel et bien plus de personnes racisées représentés, mais la majorité des protagonistes restent blancs, dans des codes normés de beautés. Les seuls acteurs principaux noirs sont métissés, une seule des jeunes filles à marier est grosse et ça le lui est reproché. Alors je note que pour la grossophobie, il y a néanmoins des efforts dans le sens où elle n'est pas représenté avec les clichés habituel de personnage fainéant qui passe son temps à manger, mais c'est encore timide et elle est systématiquement friendzonné par les hommes et humilié par les femmes à cause de son corps.

De la même manière, l'aspect empowerment des femmes, se confronte a des archétypes de personnages beaucoup trop clichés. Elles essaient de se libérer des injonctions mais qui tombent amoureuses d'hommes qui sont des caricatures de violence refoulés, qui se murent dans un silence absurde et séduisent toutes les femmes. On a un token homme gay, un token femme intello qui veut s'émanciper, un token femme grosse, un token femme artiste torturée à la sexualité libérée, etc. Des tokens, rien de plus, des archétypes sans substances histoire de faire inclusif, mais qui continuent à véhiculer des clichés, perpétuant ainsi des valeurs empruntes de discriminations internalisées.

Côté écriture, c'est pauvre, prévisible, et plutôt niais. Mais en toute honnêteté, maintenant que je vous ai bien exposé ce qui pause problème, j'ai envie de prendre un autre partit. Même si la série est loin d'être parfaite, c'est un divertissement sympathique, coloré, et qui vide un peu l'esprit. C'est l'équivalent de ce film d'amour mielleux qu'on regarde quand ça ne va pas, et même si je suis dure en affaire, il y a des efforts fait de représentativité, à la différence d'une majorité d'œuvres de ce genre. Alors oui, c'est agaçant de voir tout ce qu'il reste à déconstruire pour un jour touché du doigts une norme inclusive mais en même temps, tout n'est pas a jeter et en temps que pur divertissement doudou, la série reste sympa a regarder.

Visionnage : 1 saison

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